Retour sur une journée baroque à Grünwald avec le Bayerisches Jugend-Barockorchester
- Mathilde Reuzé

- il y a 6 jours
- 3 min de lecture
Le samedi 25 octobre 2025, j’ai eu le plaisir d’animer un workshop d’une journée auprès du Bayerisches Jugend‑Barockorchester (BayJuBa) à la Musikschule Grünwald, suivi le lendemain d’un concert au August‑Everding‑Saal à Grünwald.
En tant que violoncelliste baroque invitée, j’ai pu travailler avec quatre jeunes violoncellistes, dans le cadre de leur initiation à la pratique historique sur instruments anciens.

Pourquoi cette rencontre ?
L’idée était de faire découvrir aux jeunes musiciens de l’orchestre non seulement quelques œuvres du répertoire baroque, mais aussi la pratique du violoncelle baroque : cordes en boyau, archet baroque, diapason ancien, position, articulation, phrasé, accompagnement typique de la basse continue. Au cours de la séance, nous avons exploré :
la mise en place technique : archet, posture, et adaptation à l’instrument baroque remis à certains le matin, juste avant le début du workshop
le son, la couleur et la dynamique propres au style baroque
le rôle de la basse continue dans l’ensemble baroque, très différent de celui du classique : avant l’apparition du chef d’orchestre moderne, le groupe de continuo (violoncelle, clavecin, théorbe par exemple) menait véritablement le reste de l'orchestre, un peu comme un Konzertmeister collectif
le travail orchestral, autour d’œuvres de Johann Bernhard Bach et Jean-Baptiste Lully
Le déroulé du workshop
La journée a débuté par une brève introduction, pour permettre à chacun de se familiariser avec le violoncelle baroque et le nouveau diapason (415 au lieu de 442...) avant de plonger dans le travail collectif. Toute la matinée a été consacrée aux pièces orchestrales. Pour les jeunes musiciens, la nouveauté résidait dans la recherche d’un dynamisme et d’un phrasé à partir de lignes mélodiques très simples : des lignes qui, grâce à l’harmonie et au geste collectif, font en réalité jouer tout l’orchestre.
L’après-midi, chacun a pu alterner entre séances individuelles avec moi – principalement autour d’extraits des Suites de Bach, qu’ils étudient d’ordinaire sur instrument moderne – et travail en groupe avec Friederike Heumann, qui dirigeait la section de basses. En fin de journée, tous se sont réunis pour une répétition d’orchestre en tutti sous la direction de Johannes Heim.
Et le lendemain, l’ensemble a pu présenter le fruit de ce travail lors du concert à Grünwald !

Retour sur l'expérience
Cette expérience a rappelé à quel point passer du violoncelle moderne au violoncelle baroque n’est pas un simple changement d’instrument : c’est un véritable changement de regard. Le geste, la sonorité, la manière d’articuler demandent un temps d’adaptation, mais ce passage ouvre aussi de nouvelles perspectives.
Connaître, même seulement un peu, l’origine de l’instrument, l’évolution de l’archet baroque vers le classique puis le moderne, le jeu sans pique, ou encore les différences de sonorité liées aux cordes en boyau, tout cela nourrit notre imagination. Cette connaissance historique ne limite pas : elle élargit le champ des possibles et rend le jeu sur instrument moderne plus riche, plus conscient, plus créatif.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu'il y a cinq ans, j’ai décidé de me consacrer aussi au violoncelle baroque. Non pas pour opposer les deux univers – car jouer Bach avec des cordes en métal et une pique n’a rien d’absurde, pas plus que de jouer le concerto de Schumann avec des cordes en métal alors qu'il a été créé avec des cordes en boyau (si Schumann avait connu les possibilités des cordes en métal, aurait-il vraiment préféré le boyau ?) –, mais parce que comprendre les racines de notre instrument ouvre une plus grande liberté d’interprétation, et invite à réfléchir à nos choix de jeu en pleine conscience.
En somme, la pratique historique n’est pas un retour en arrière : c’est une ouverture, une manière d’enrichir notre rapport à la musique et d’y trouver de nouvelles couleurs.
Autres professeurs invités :
Julia Scheerer, violon et alto
Saki Sugawara, basson
Saskia Fikentscher, hautbois
Friederike Heumann, répétition en ensemble
Johannes Heim, direction
Plus d'informations sur le Bayerisches Jugend-Barockorchester : http://bayjuba.de/



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